Les mankors connaissent une histoire dont même eux n’ont aucune preuve, alors que l’histoire vient d’eux. Ils proclament haut et fort que leur forêt les protège, et que quiconque pénétrera dans le lieu sacré se verra écraser par un monstre. C’est un lieu considéré comme un sanctuaire, un lieu où aucun acte mauvais ne pourrait être commis. La légende s’est répandue à toutes les races, mais comme toute légende, aucun n’a pu la prouver ou la démentir. Il faut avouer que personne n’a jamais eu l’audace d’aller dans cet endroit.
La créature en question serait l’âme de la forêt, qui se serait matérialisée dans un animal devenu alors créature mythique. Il pourrait renifler n’importe quelle personne pénétrant dans son repère, et savoir immédiatement qui est un intrus de qui est autorisé à entrer. Il foncerait alors sur sa proie, à la vitesse d’un félin, et avec une force colossale, balaierait le visiteur inopportun d’un seul coup. Cette créature effraierait même certains mankors prétendant avoir aperçu la créature. Elle est bien sûr inoffensive pour un mankor, mais qui ne serait pas un peu effrayé par une telle créature rôdant librement dans cet endroit ?
Parfois, les mankors entendent un reniflement bruyant, un hennissement ou simplement des bruits de pas, mais n’ont pas le temps de voir d’où cela venait que l’auteur de ces bruits disparaissait. En réalité, même les mankors n’ont pas la moindre idée de l’apparence que peut avoir ce protecteur, ni la raison pour laquelle il protège cette forêt en particulier, ni depuis quand il est là.
On a une seule information : un jour, un jeune garçon, un petit sergote, s’éloigna de la caravane de ses parents. Il était très jeune, insouciant, et voulait aller voir la forêt de plus près. Ce serait à cause de sa petite taille que les mankors ne l’auraient pas remarqué, d’après eux. Quoiqu’il en soit, ses parents l’aperçurent à l’orée de la forêt et se mirent à l’appeler à s’en crever les poumons tout en courant dans sa direction. Le garçon n’écoutant pas, entra dans la forêt, et ses parents le perdirent de vue quelques secondes après. Dix secondes exactement se passèrent, puis on entendit le cri horrifié de l’enfant. Le bruit qui s’ensuivit n’avait rien d’humain, ni même d’animal ou de végétal. Les mankors réagirent un peu plus rapidement que les sergotes, et pendant que certains accoururent afin d’empêcher les parents de rentrer à leur tour, d’autres partirent à la recherche de l’enfant. Ils ne retrouvèrent qu’une masse informe et des traces de sang, aplaties contre la terre. Depuis cet incident, tout le monde évite ce lieu « maudit ». Pauvre gosse.